Discerner la Directive européenne sur la communication d'informations en matière de durabilité des entreprises de l'UE et sa solution contre le greenwashing
Après avoir abordé les différentes approches des secteurs en matière de réduction des émissions de carbone dans les articles précédents, plongeons maintenant dans les mesures proactives prises par les organisations gouvernementales pour atteindre un objectif de zéro émission nette d'ici 2050.
Le 31 juillet 2023, la Commission européenne a mis en œuvre les Normes européennes de communication d'informations en matière de durabilité, élaborées par le Groupe consultatif européen sur l'information financière (EFRAG). Bien que l'ESRS soit purement volontaire pour les entreprises, l'Union européenne a établi l'ESRS comme norme pour la communication sur les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) au sein de toutes les grandes entreprises et des entreprises cotées relevant de l'UE, dans le cadre de la Directive sur la communication en matière de durabilité des entreprises (CSRD). Cette directive, intégrée au pacte vert européen visant zéro émission nette d'ici 2050, exige des entreprises qu'elles soumettent des rapports approfondis sur les risques sociaux, environnementaux et sur l'impact de leurs activités sur les personnes et l'environnement (Commission européenne, s.d.).
Les ESRS comprennent 12 facettes de communication d'informations, comme illustré ci-dessous. Le premier ensemble de normes, catégorisé comme "normes générales", englobe des exigences larges qui sont universellement applicables à tous les aspects du cadre de la CSRD, tandis que les normes restantes sont subdivisées pour traiter individuellement les questions environnementales, sociales et de gouvernance. Jusqu'à présent, les divulgations générales selon les normes générales sont obligatoires pour toutes les entreprises admissibles à la CSRD.
Les ESRS visent à fournir aux investisseurs, aux consommateurs et aux décideurs des informations essentielles pour comprendre les risques financiers et les opportunités découlant du changement climatique et d'autres questions de durabilité parmi les entreprises dans lesquelles ils investissent.
Jusqu'à présent, la CSRD couvre non seulement les entreprises de l'UE, mais aussi celles des États-Unis et les entreprises non européennes ayant leur siège dans la région. La classification des entreprises incluses dans la CSRD est illustrée ci-dessous :
Le 1er janvier 2024 marquera la première année de mise en œuvre de l'adhésion aux ESRS, avec des rapports dus l'année suivante, en particulier pour les entreprises basées dans l'UE, mais éventuellement, d'autres entreprises admissibles suivront le même exemple.
Comment la CSRD peut-elle devenir une solution contre le greenwashing ?
À mesure que l'attention se porte de plus en plus sur le changement climatique, les consommateurs se soucient de plus en plus des marques et des produits qu'ils utilisent. Les entreprises en profitent en publiant des revendications de "durabilité" ou de "neutralité carbone" pour gagner la faveur des consommateurs, malgré des efforts minimes pour réduire leur impact environnemental. Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a reconnu sa prévalence et a même mentionné lors du sommet sur le climat COP27 à Charm el-Cheikh, en Égypte, qu'"il faut une tolérance zéro pour le greenwashing net zéro" (Forum économique mondial, 2022).
Le greenwashing se produit principalement dans deux domaines - les stratégies marketing trompeuses et les rapports inexacts (Sandin, 2022). Les entreprises peuvent laisser entendre qu'elles sont durables en utilisant des images inspirées de la nature et des communications écologiques, tandis que des rapports inexacts peuvent se produire en fournissant des informations incomplètes ou en dissimulant des chiffres. Les normes de communication d'informations de l'UE permettront aux investisseurs et aux consommateurs de mieux discerner les entreprises qui se soucient authentiquement de l'environnement de celles qui attirent les gens avec leurs fausses revendications. Voici quelques-unes des solutions qui permettent à la CSRD de prévenir le greenwashing :
1. Les messages durables dans les promotions marketing ne peuvent plus être revendiqués sans un rapport vérifiable suivant un cadre strict. Un simple changement vers des emballages recyclables ou l'incorporation de "labels verts" ne peut plus justifier l'engagement d'une entreprise envers la durabilité.
2. La transparence à travers la divulgation étendue d'informations environnementales, sociales et de gouvernance. La CSRD permet à l'UE et à d'autres parties prenantes d'évaluer pleinement l'authenticité de leurs initiatives de durabilité. Malgré l'absence d'audits financiers, cela sera tout de même examiné par un organisme externe.
3. La CSRD peut servir de guide aux entreprises cherchant à adopter des pratiques durables. Les ESRS adoptent également une perspective de "double matérialité", qui oblige les entreprises à fournir des rapports sur leurs effets sur les personnes et l'environnement, ainsi que sur la manière dont les questions sociales et environnementales génèrent des risques et des opportunités financiers pour l'entreprise (Smith, 2023). En examinant ces rapports, les entreprises non constituées dans l'UE peuvent également améliorer leurs plans de durabilité d'entreprise et éviter de mettre en œuvre des "notions" de durabilité.
Étant donné qu'il est désormais obligatoire de présenter des rapports approfondis dans le cadre de la CSRD, les entreprises doivent désormais se préparer de manière exhaustive, en particulier celles qui ne sont pas basées dans l'UE. Se familiariser avec les réglementations de la CSRD est la première étape pour mieux comprendre les informations et les documents essentiels à rassembler. Engager un expert juridique sera également bénéfique pour déterminer si votre entreprise est concernée par la CSRD. Ensuite, il est recommandé de souscrire à un logiciel d'évaluation des risques ESG pour calculer les émissions de carbone des scopes 1, 2 et 3 et analyser les facteurs de risque liés à l'impact social, gouvernemental et environnemental de l'entreprise, garantissant ainsi une déclaration précise.
En conclusion, la Directive européenne sur la communication d'informations en matière de durabilité des entreprises représente une étape significative dans la lutte contre le greenwashing et dans la réalisation de l'objectif global de zéro émission d'ici 2050. En établissant des normes rigoureuses en matière de transparence et de responsabilité des entreprises, elle donne aux investisseurs, aux consommateurs et aux parties prenantes les moyens de prendre des décisions éclairées et de tenir les entreprises responsables de leurs pratiques environnementales et sociales. Nous pouvons nous attendre à un cadre plus robuste offrant une vue authentique sur les progrès environnementaux et sociaux réels dans les années à venir. Cependant, pour l'instant, il est essentiel que toutes les parties prenantes s'engagent dans cette directive afin qu'elle puisse finalement tenir sa promesse et offrir un avenir plus vert et plus durable.